Les bons outils du journaliste web – partie 1 : faire sa veille

C’est amusant comme une activité peut avoir plusieurs dénominations en fonction du contexte. En temps normal, squatter les intertubes, mater des gifs de chatons et lire ses webzines favoris vous appelez ça comment ? « Glander sur Internet » Ouais moi aussi. Mais dans le milieu professionnel, on appelle ça faire de la veille voire même de la curation de contenus. Oui, tout de suite ça en jette. Mais pour que cette activité revête son caractère sérieux et pro, il vous faut les bons outils.

Twitter :  c’est le truc indispensable pour savoir ce qui se passe dans le monde. Les trending topics offre une très bonne image des sujets qui intéresse les twittos (c’est souvent un hashtag tout pourri du genre «  #les10meilleursépisodesdesupercopter » ou un truc du genre mais ce genre d’inconvénient est contrebalancé par la possibilité de suivre vos personnalités préférées comme Nadine Morano, ou Morsey.

Presspass/muckrack : Basés sur Twitter, ces deux outils vous permettent d’agréger des contenus spécifiquement journalistiques. Idéal pour voir d’un coup d’oeil les articles mis en ligne à la seconde près.

Les sites qui te permettent de voir les unes des journaux que tu n’achètes pas parce que tu es trop pauvre et que de toute façon tu peux retrouver gratuitement sur Internet.

unes.spqr.fr : un site qui vous permet d’avoir en un coup d’œil l’ensemble des unes des quotidiens régionaux français.
www.revue2presse.fr : idem mais avec aussi la presse magazine
newseum.org : encore parreil mais avec les journeaux du monde entier.

Google trends/Google insight : Comme twitter, l’outil vous donne les tendances en matière des recherches web les plus recherchés du moment. Vous pouvez organisez votre veille par catégories. Indispensable et aussi toujours un peu débile quand on se rend compte que la mort de Mouss Diouf est la préoccupation principale des habitants de Picardie.

Un agrégateur de contenus
Pour les noob, un agrégateur est une sorte de page d’accueil web qui vous permet d’organiser vos applications ou les flux rss de vos sites favoris. Avec la disparition d’iGoogle, je suis en train de faire les comparatifs entre les différents agrégateurs de contenus. Pour le moment seul Netvibes  semble être en tête pour le remplacer. Vous pouvez aussi tester Symbaloo  si vous aimez les interfaces à la Apple.

Pour le prochain épisode, on s’occupera de savoir comment fouiller le web à la recherche des datas et comment les mettre en forme. Chocobisous

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Le petit guide du pigiste crevard – partie 3.1

Etre un bon pigiste crevard ce n’est pas seulement trouver des idées de papiers originales et de les rendre à l’heure. Il s’agit aussi de maintenir un niveau de vie convenable en jonglant avec les indemnités chômage appelées aussi Assedic.

Rémi, premier punk-à-chien, accompagné de ses fidèles amis Kéta et Skunk (source : http://desencyclopedie.wikia.com/wiki/Punk_%C3%A0_chien)

Et oui, comme Ricardo, le sympathique artiste de rue qui ne gagne sa vie que pendant la période des festivals, vous pouvez dépendre de cette fabuleuse institution qu’est pôle emploi. Bien entendu pour ça il faut prouver que vous avez suffisamment bossé afin de prétendre aux « aides de retour à l’emploi ». Si vous sortez de l’école sans jamais avoir travaillé plus de 6 mois dans une boîte, vous pouvez passer votre chemin. Mais ceux qui sont en apprentissage ou en alternance pourront trouver quelques conseils pratiques dans cet article.

Première étape : l’inscription !
Ça y est le moment que vous attendez tant est arrivé ! vous êtes ENFIN au chômage. Ne vous lamentez pas, il s’agit d’un passage obligé pour beaucoup de journalistes. Vous allez donc vous inscrire à l’agence pôle emploi la plus proche et demandez gaiement vos indemnités chômage. A ce moment il faut savoir que Paupaul (le petit surnom de Pôle Emploi) ne va avoir qu’un seul but : vous dégager au plus vite des listes de demandeurs d’emploi pour diminuer ses vilaines statistiques et faire plaisir au gouvernement. Pour cela, Paupaul doit vous propose des supers jobs qui sont censés correspondre à vos choix. Le problème c’est que ça n’arrive jamais (on revient dessus plus tard). Bref, pour éviter de recevoir vos trois offres d’emploi bidons et de vous faire radier en moins de deux mois vous devez la jouer fine. Si vous écrivez dans la case « emploi recherché » le simple mot « rédacteur » ou « journaliste », vous allez recevoir des tonnes d’annonces sympas comme « rédacteur spécialisé dans la presse agricole avec une vraie passion pour les tracteurs » ou encore « journaliste qui a de bonnes notions en secrétariat et comptabilité » (véridique).
Quand on vous demande le job que vous recherchez, soyez précis et créatif. N’hésitez pas à décrire le job de vos rêves: Il doit s’agir d’un CDI (HAHA) dans un grand groupe de presse qui vous paye au moins 2000 euros net par mois (HAHAHAHA) et bien sûr il s’agit de journalisme politique ou de chroniqueur culturel, sinon rien (HAHAHAHAHAHAHAHAHAHA). Voilà, à priori, il y peu de chances qu’on vous propose un truc pareil.

Deuxième étape : Faites semblant de chercher du travail avec Pôle emploi
Dans le langage administratif, le taf de journaliste fait partie d’un « réseau caché ». Ouais je sais, dit comme ça, ça peut sembler cool, on a l’impression d’appartenir à une espèce de guilde des voleurs ou de résistants. Mais en fait ça signifie juste que les agents du Pôle Emploi ne comprennent pas comment ça se passe dans ce milieu. Il faut savoir que la plupart des annonces qui arrivent chez eux sont au choix :
– bidons (on embauche des gens que l’on connaît et on poste une fausse annonce pour être raccord avec la loi)
– des CDD de courte durée dans des boîtes où le turn over est si important que l’on imagine qu’ils donnent les pigistes en pâture à un géant enfermé dans une cave. Sans blague, c’est toujours les mêmes boîtes qui postent tous les deux mois la même annonce (Futura science au hasard).
– des jobs qui n’ont rien à voir avec le travail de journaliste (genre webmaster et ou rédacteur dans une boîte de communication)
– des jobs de journalistes dans la presse pro (bon là je dis rien, la presse pro fournit pas mal de travail, même si ce n’est pas toujours passionnant).

Bref, si vous voulez écrire des grands reportages ou des analyses politiques, n’attendez pas que le pôle emploi vous le propose. Mais quoi qu’il arrive, dites oui à tous les stages, cessions de formation et autres inscriptions sur liste de petites annonces que l’on vous propose. Il faut toujours montrer que l’on est de bonne volonté avec le Pôle Emploi car c’est le meilleur moyen de ne pas faire de vague et de se faire dégager.


Troisième étape : GIVE ME MY FUCKING MONEY  !

Monsieur white te demande ou est passé son argent, tu ferais mieux de lui répondre ou il va t’exploser la gueule à coup de cristal magique.

C’est bien sûr l’étape la plus importante, celle pour laquelle on s’inscrit au Pôle Emploi, j’ai nommé, les sacro-saintes indemnisations. Bon franchement je vais pas rentrer dans le détail d’autant que Pôle Emploi explique ça très bien en novlangue sur son site. Dites vous simplement que vous allez toucher une somme calculée sur vos précédentes fiches de paye et ce pendant un maximum de deux ans. De quoi vous permettre de payer votre loyer les mois où l’ensemble des rédacteurs en chef avec qui vous bossez ont décidé de prendre leurs vacances. Chaque mois vous touchez votre indemnité, donc, mais le but n’est pas d’attendre gentiment la thune tomber sur votre compte. Au contraire, il faut partir au travail (c’est une image, personnellement, je bosse dans ma chambre) et faire en sorte de compenser vos indemnités par des vraies piges. En effet, chaque fois que vous gagnez de l’argent vous allez le déclarer à Paupaul. Par un savant calcul, ce dernier vous retire ce que vous avez gagné de la somme qu’il vous doit et reporte le tout au mois prochain. C’est un cercle totalement vertueux puisque plus vous gagnez de piges, plus vos indemnités sont repoussées. Bien sûr vos assedics ne peuvent pas être repoussés ad vitam mais seulement sur une période de 15 mois. Mais même si vous atteignez cette limite et que vous avez encore besoin d’un filet de sécurité, vous pouvez toujours redemander des assedics sur les piges que vous avez gagné entre temps et sur lesquelles vous avez cotisé. Voilà pourquoi la vie administrative d’un pigiste ressemble à celle d’un sympathique intermittent du spectacle et que tout votre entourage vous déteste cordialement en vous traitant de « parasite ».

Dans la seconde partie de ce post on parlera de l’attitude à adopter devant votre conseillère pôle Emploi dépressive.

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Motivation

Quand vous travaillez, qu’est ce qui vous motive ? Est-ce votre salaire ? Ou bien la peur d’être au chômage ? Ou alors la satisfaction de faire un travail utile et épanouissant ?

« Nous avons constaté que la motivation dans les entreprises est tombée au niveau 0. Les gens ne travaillent que parce qu’il ont peur du chômage même à des niveaux hiérarchiques très haut comme dans le top management. Les gens sont absolument dégoûtés de travailler, il ne croient plus du tout à ce qu’il font et ils ne marchent qu’à la sanction positive ou négative comme le stock option d’un million qu’ils touchent à la fin du mois ou la peur d’être viré. C’est la baguette qui fait marcher le monde. »

Bernard Stiegler, interviewé dans geek politics, un très bon blog du soir.be

ITW Geek Politics Bernard Stiegler from Dancing Dog Productions on Vimeo.

Je vous recommande aussi le superbe documentaire La mise à mort du travail du journaliste Jean-Robert Viallet (Prix Albert Londres). Ce dernier a pu filmer la vie de l’entreprise Carglass. Effrayant et misérable à la fois, c’est un peu la Cogip en vrai.

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Des journalistes et des hommes

Salut, ça va ? ça fait une paye que je n’ai pas posté ici alors on va dépoussiérer un peu.

En attendant la troisième partie du petit guide du pigiste crevard, pourquoi ne pas jeter un œil aux scribouillards que j’aime bien. Car après tout, si la théorie a du bon, notre belle jeunesse aspirante au métier de journaliste doit aussi trouver l’inspiration dans des cas concrets.

Aujourd’hui nous allons donc parler d’Hamilton Morris, réalisateur de documentaires et journaliste filiforme pour le réputé Vice magazine. Pour vous faire une idée, voici le jeune homme avec ce qui semble être une superbe tête de cochon délicatement placée en cache sexe.

Si vous vous demandez quel cursus il faut choisir pour devenir grand reporter, dites-vous qu’avec un peu de malice et une bonne scie à os, vous pouvez devenir aussi génial que ce mec.

Hamilton pourrait facilement être décrit comme un drogué notoire et le pire c’est qu’il ne s’en cache même pas. Au fil de ses reportages au bout du monde cette version très maigre de Tintin part à la recherche de la défonce parfaite. Amanite tue mouche en Island, Tetrodotoxin (la poudre des zombies) à Haïti, ou bien philosopher stone à Amsterdam, aucune substance ne lui échappe.

Mais plus que le plaisir de voir un mec approcher des produits que tes parents (et la loi) t’ont formellement interdit de prendre, les reportages d’Hamilton sont une invitation à la découverte de la conscience humaine, de la chimie et des rites qui accompagnent la prise de ces substances. Guidés par sa démarche nonchalante, sa voix grave et ses textes très bien écrits, on a l’impression d’absorber des petites pilules de connaissance brute.

Avant d’être reporter, Hamilton est ce que l’on pourrait appeler un hipster psychonaute, c’est à dire un mec qui connaît bien plus de choses que toi sur la drogue. Etudiant en chimie, il travaille avec l’expert en psychédéliques Nicolas Langlitz et fréquente les forums d’Erowid.org, où il poste ses trips reports, c’est à dire des textes décrivant les effets et le trip induits par une drogue. Contrairement aux grands penseurs de la drogue culture des années 60 comme Timoty Leary (qui a finit par virer mystique), Hamilton n’oublie jamais son but premier, à savoir la recherche scientifique par l’expérience sur soi même.

Dans ses documentaires, on retrouve aussi la patte artistique de Vice qui met en avant les journalistes en les filmant et n’hésite pas à montrer à quel point un reportage peut foirer. Je vous conseille particulièrement de regarder Sapo Diaries, son reportage au long court dans la forêt amazonienne où notre maigrichon cherche une grenouille hallucinogène pendant plusieurs jours. Plus qu’un reportage, il s’agit là d’un véritable cours sur la persévérance et la débrouillardise journalistique.

D-jR

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All Watched Over By Machines Of Loving Grace by Richard Brautigan

I like to think (and
the sooner the better!)
of a cybernetic meadow
where mammals and computers
live together in mutually
programming harmony
like pure water
touching clear sky. 

I like to think
(right now, please!)
of a cybernetic forest
filled with pines and electronics
where deer stroll peacefully
past computers
as if they were flowers
with spinning blossoms. 

I like to think
(it has to be!)
of a cybernetic ecology
where we are free of our labors
and joined back to nature,
returned to our mammal
brothers and sisters,
and all watched over
by machines of loving grace.

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Le petit guide du pigiste crevard – partie 2

Coucou les apprentis crevards, voilà la suite de notre petit guide pour devenir un pigiste winner. Après avoir vu les qualités qui feront de vous un pigiste professionnel, entrons dans le vif du sujet à savoir, « comment vendre un papier, moi qui ai le charisme d’une moule morte, une expérience proche du néant et qui ne suis pas le fils ou la fille de Bernard de la Villiardère (notre Indiana Jones à nous). » Malgré toutes tes tares, sache quand même garder espoir pour devenir un boss de la pige.

Conseil 4 : fais un synopsis
Vous avez entendu parler d’un groupe de sans abri qui a monté une association de cinéastes amateurs et dont les vidéos font un tabac dans les milieux underground parisiens ? Parfait, vous tenez là un sujet génial. Mais avant de vous lancer dans un reportage qui peut s’avérer coûteux en temps et en argent (les sans abri vous demanderont sans doute de leur payer des bières en échange d’une interview) il faut savoir si un journal est prêt à vous l’acheter. Bien sûr, vous pouvez directement faire votre reportage et tenter de le vendre ensuite mais je trouve cette méthode bien trop casse gueule en termes de rentabilité. L’idéal est donc de faire une petit synopsis que vous allez envoyer aux rédac chefs. Trouvez un titre accrocheur, expliquez votre sujet en deux ou trois lignes en le rendant alléchant et original et exposez un angle si vous en avez déjà un (même si ce dernier pourra changer en cours de route). Surtout, ne mettez pas le nom de vos contacts ou des indications trop précises car le vol de sujet est une saloperie bien trop fréquente dans notre milieu.

Conseil 5 : contacter les rédac chefs (sans avoir de scrupules)

Je ne vais pas vous mentir, il s’agit là du travail le plus ingrat quand on est un pigiste débutant. Après tout, on peut apprendre à écrire correctement dans une école de journalisme mais faire le VRP des sujets est une chose que l’on apprend sur le tas. Commencez par faire une liste des magazines qui pourrait être intéressés par le sujet des clodos cinéastes et appeler les rédacteurs en chef en utilisant les coordonnées que vous trouverez dans l’ours (on parle bien de la partie du magazine qui contient les noms des collaborateurs et les moyens de les contacter). Sachez qu’un contact par téléphone est toujours préférable à un mail mais si vous êtes trop peureux, vous pouvez toujours envoyer votre synopsis en vous présentant brièvement comme un journaliste pigiste. Si vous n’avez pas de réponse, ne prenez pas la mouche, la plupart des rédac chefs ne prennent pas le peine de répondre quand le sujet ne les intéresse pas. Ça ne veut pas dire que vous êtes trop nul, juste que vous n’avez pas encore trouvé la bonne personne. Si par le plus grand des hasards l’un d’entre eux vous répond, même par la négative, surtout profitez-en pour leur filer deux ou trois idées de sujets en plus. D’autres encore seront très intéressés par votre sujet mais annuleront au dernier moment quand vous prononcerez le mot « pige », « rémunération » ou « tarifs ». Surtout, ne vous embarrassez pas de scrupules du genre « ça ne se fait pas de proposer le même sujet à plusieurs rédactions ». Un journaliste n’a aucun scrupule quand il s’agit de gagner sa vie. Enfin, un rédac chef gentil acceptera peut-être votre sujet. C’est à ce moment qu’un rayon de lumière vous éblouira et qu’une musique céleste s’élèvera dans votre tête car vous toucherez au but suprême. Mais ce n’est pas terminé car il reste à discuter argent.

Conseil 6 : Évitez de vous faire « fister » (et de « fister » les autres pigistes)
Comme tous les milieux professionnels, la presse française charrie son lot d’escrocs. Il suffit de lire la black list des forums de category net pour s’en assurer. Mais rappelez-vous d’une chose fondamentale : ce n’est pas parce que le secteur est en crise et ultra concurrentiel que vous êtes autorisé à faire n’importe quoi. Même si ce n’est pas « un vrai travail » (voir la première partie de ce fabuleux guide), votre but est de gagner votre croûte en écrivant des articles. Ainsi vous devez être clair dès le début de votre relation avec votre rédacteur en chef : votre travail mérite un salaire décent. Pour cela, vous devez convenir d’un tarif au feuillet c’est à dire à partir de 1500 signes. La moyenne se situe entre 40 et 100 euros le feuillet pour la presse écrite et entre 40 et 100 euros l’article pour internet mais vous découvrirez rapidement qu’il n’y pas vraiment de règles fixes. A présent il y a certains principes que vous vous devez de respecter au maximum pour éviter de vous faire avoir et surtout de nuire aux autres pigistes :

1. N’acceptez pas de salaire ridicule ou de compensation en nature comme un t-shirt ou des places de concert. Si vous le faites, le rédac chef aura moins de scrupules à proposer ce genre de choses aux autres.
2. Écrire gratuitement dans un magazine branché en pensant que cela va vous apporter gloire et fortune est parfaitement stupide.
3. Si vous bossez régulièrement pour un magazine, faites-vous payer en piges. Ces dernières équivalent à une fiche de paye et vous permettent de cotiser pour la retraite (entre autres). Évitez autant que possible les payes en droit d’auteurs ou au black surtout si elles sont régulières.

Respecter ces règles, c’est respecter votre travail et le travail des autres. Bien sûr, vos premières piges ne vous rapporteront pas grand chose et je serai le dernier à vous jeter la pierre si vous bossez de temps à autre au black mais si vous souhaitez durer dans ce taf, il faut savoir dire non aux mauvais payeurs.

Conseil Bonus : fuyez les fermes à contenus.
A moins de vouloir écrire des supers articles sur l’évidage des citrouilles en octobre ou la fabrication d’un calendrier de l’avant en novembre et gagner 4 euros de l’article, fuyez les boites type « suite 101 » qui vous promettent la fortune tout en vous prenant pour de bon pigeons. Si ces mecs là pouvaient vous remplacer par un robot pour écrire les articles, ils le feraient.

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Le petit guide du pigiste crevard – partie 1

Salut tout le monde !

Devant le nombre incroyable d’inconscients qui démissionnent de leur boulot pour embrasser la carrière de pigistes, j’ai décidé d’intervenir et de pondre un petit guide pratique de la pige qui, vous vous en doutez, ne remplacera jamais l’expérience ni même le guide de la pige édition 2011 aux éditions Entrecom (votre livre de chevet si vous voulez vous aussi devenir un journaliste crevard).

Vous vous apprêtez donc à réaliser le rêve de votre vie et à devenir pigiste. Tant mieux pour vous (et tant pis pour votre banquier) mais avant de commencer sachez que votre prochaine activité doit OBLIGATOIREMENT s’appuyer sur une garantie de rentrée d’argent fixes. Ça peut être un job au mac-do, des assedics ou que sais-je encore mais à moins d’avoir une entrée dans plusieurs rédactions qui attendent votre prose toutes les semaines, il va falloir payer le loyer et la bouffe. Vous pouvez aussi rentrer chez vos parents ou vous reposer sur votre copain/copine mais gardez en tête que si vous débutez, vous allez en chier.

Conseil 1 : Ceci n’est pas un métier (en tout cas au début)
Non vraiment, être pigiste, ce n’est pas un « vrai travail ». Bon ça l’est pour ceux qui pigent depuis 10 ans, qui se font un salaire convenable et qui ont un super réseau mais pour vous pauvres petits débutants, c’est plus un état d’esprit. Vous avez plus ou moins les horaires que vous souhaitez, vous n’êtes pas enfermé dans un bureau avec un sous-chef idiot qui compte vos heures ou votre rentabilité. Vous pouvez donc sortir le soir en semaine faire des virées culturelles ou bien vivre comme une caricature de chômeur en slip/chaussettes devant votre ordinateur. Bien sûr il y a des répercussions comme vos parents qui s’inquiètent du fait que vous n’avez pas le début d’une carrière professionnelle à 27 ans ou vos amis qui vous charrient à chaque fois que vous les rejoignez au bistrot frais et dispo alors qu’ils se sont levés à 7h du matin. Mais vous vous en foutez car vous faites le job le plus cool et le moins bien payé au monde.

Conseil 2 : la deadline sera ton nouveau dieu (après ton rédac chef)
Un des petits conseils que j’ai pu apprendre pendant ma formation, c’est qu’ « un bon papier est avant tout un papier rendu à l’heure ». Peu importe que votre angle soit un peu bancal, que votre style soit aussi bon que celui d’un attaché de presse stagiaire qui écrit son premier communiqué, il faut que votre papier soit rendu à l’heure (et sans fautes évidemment). Chaque pigiste a bien sûr droit à l’utilisation de trois jokers dans sa relation avec le rédac’ chef :
a – Mon ordinateur est tombé en rade ( existe aussi avec les variantes « je suis pauvre, on m’a coupé Internet »)
b – Mon contact n’a jamais répondu à mon 23ème message lui disant que l’interview est urgente
c – Je viens de perdre l’un de mes proches

conseil 3 : avoir des idées d’articles tout le temps.
En tant que pigiste, il faudra un certain temps avant que vos collègues et autres rédac chef vous confient des voyages de presse ou des sujets « clef en main ». Du coup il faut toujours avoir trois ou quatre idées originales qui traînent. Pour ça il faut développer ce que j’appelle « Le réflexe ». Il s’agit d’une sorte de super pouvoir que chaque journaliste doit cultiver et qui se déclenche souvent dans les conversations avec d’autres amis. Ces derniers vous parlent d’un truc marrant et « Le réflexe » vous fait réaliser que vous n’avez jamais lu quoi que ce soit là-dessus et que ça pourrait faire un bon papier. Il faut aussi savoir déclencher « Le réflexe » sur soi-même surtout si vous passez comme moi 70 % de votre journée sur Internet. entre les blogs ou les sites que vous visitez ou bien même les passions qui vous animent, il y a toujours un sujet qui dort. Sinon vous pouvez aussi faire comme la majorité de la profession et faire une revue de presse pour piquer les sujets des autres. C’est mal hein et c’est une mauvaise habitude mais ça peut dépanner en cas de dèche. Idem en ce qui concerne ses propres sujets que l’on peut proposer, avec un angle différent, à un autre journal.

La suite dans quelques jours…

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Je suis allé à la Japan expo…

…et c’était marrant.

Promis je n’y retourne pas l’année prochaine.

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la différence entre un bon journaliste et un bon candidat aux concours d’école de journalisme

Je suis tombé sur cet article d’Alice Antheaume sur le blog de Slate qui vous donne quelques conseils pour vous démarquer quand vous passez devant un jury de concours. Ce qu’elle dit est juste :  » Alors quand le jury voit la passion s’allumer dans les yeux d’un candidat quand celui-ci a ouvert un «blog pour s’entraîner», se présente comme «télévore», sait ce qu’est un «live» ou un «flash», twitte pour «voir ce que cela donne», cite un reportage récent qui l’a bouleversé, prend les «gratuits dans le métro parce que cela (lui) donne un aperçu de l’actualité pour pas cher», connaît le chemin du fer du Point ou du Nouvel Observateur comme sa poche, ainsi que l’écosystème médiatique, des pure-players aux chaînes d’information en continu en passant par les matinales des radios, oui, le jury a envie d’y croire. ».

C’est bien beau tout ça mais comme le souligne une internaute dans les commentaires, il n’est pas facile de sortir du formatage de près de 5 ans d’étude pour subitement passer pour un original devant le jury. Et puis « connaitre le chemin de fer du nouvel obs » est censé faire de nous un bon journaliste ? Mouais, j’étais plus enclin à cette époque à connaitre par coeur le chemin de fer de Canard PC ou de Joystick. Disons que le fait de connaitre par coeur le déroulé de l’express fait surtout de vous un candidat mais pas un bon journaliste. Quand à connaitre l’écosystème médiatique des pure player + toutes les matinales + toutes les chaines d’infos continue, ça s’apparente plus à du bachotage qu’autre chose. Bref si vous voulez passer ce concours, suivez scrupuleusement les conseils donnés par cet article.

En revanche, si vous souhaitez devenir journaliste, commencez dés maintenant à écrire des papiers, des interviews et des reportages sur des sujets qui vous intéresse puis diffusez les sur internet, ou bien via des tv ou des radios associations ou bien même à les proposer comme des piges. Car malgré tout ces beaux discours, rien ne vaut la pratique concrète du métier. Ah et si vous répugnez à faire ça gratuitement au début, dites vous que vous gagnez autant qu’un stagiaire sauf que vous au moins vous écrivez sur ce qui vous plaît.

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Le reportage le plus passionnant de ma vie (avec des points d’exclamation dedans)

Avant de commencer ce post j’aimerais rendre hommage à Bernard de la Villardière le mec qui fait des reportages en tenant négligemment sa veste sur son épaule. Tu seras toujours dans mon cœur mec. Sa veste, sa vie, son œuvre ici. En voici quelques exemples édifiants :

Sur un cheval


Tenso


Sur la plage

Contrairement à Bernard, je n’ai pas eu encore la chance de trimbaler mon extraordinaire élégance nonchalante aux quatre coins de la planète. Pourtant mes débuts en tant que journaliste m’ont amené bien plus loin que je ne l’avais imaginé : aux confins de la folie et de la perte totale de la logique et du sens des mots. Aujourd’hui, le traumatisme est encore frais et je me réveille parfois la nuit, hurlant tel un dément cette unique phrase énigmatique : PAS LE POINT D’EXCLAMATION !

Pour comprendre l’origine de cette expérience douloureuse, il faut remonter 3 ans en arrière. J’étais encore un jeune et fougueux journaliste stagiaire qui commençait sa formation en alternance à l’IPJ. Trois semaines dans le mois, je travaillais pour une entreprise que nous appellerons la « rédaction du bonheur ». Il s’agissait d’une petite TPE familiale qui publiait des magazines ultra techniques à destination des directeurs de services informatiques. Je dis « familiale » au sens propre du terme car il faut savoir que le noyau dur de cette boîte (à savoir 4 personnes sur 9) faisait partie de la même famille, ce qui assurait à mes collègues et à moi-même une situation tout à fait saine (cette dernière phrase est une subtile pique ironique, mais vous l’aurez remarqué).

D’après mon boss qui devait avoir un abonnement à Wall Street Institute depuis sa plus tendre enfance, mon job consistait à rendre compte de l’actu « euptoudaite ». Il m’a fallu quelques semaines avant de comprendre qu’il voulait dire le mot update et que ça désignait l’actu brûlante. Bref, je passais les trois quarts de mon temps à rebâtonner du communiqué de presse. Pour les petits loupiots qui ne connaissent pas ce mot, il s’agit de vaguement réécrire un communiqué déjà prémâché pour les journalistes. Autant dire que je passais la plupart de mon temps devant mon écran d’ordinateur à essayer de comprendre ce que j’étais en train de réécrire ce qui est plutôt un comble pour un journaliste soi-disant spécialisé.

Mais la partie la plus fun de mon travail était de rendre compte de la vie des communautés de spécialistes et des groupes d’utilisateurs qui gravitaient autour d’un certain géant de l’informatique. Une fois tous les deux mois je me rendais donc dans les sous-sol cosy du siège de cette grosse multinationale afin d’écrire un « papier d’ambiance » sur ces fameuses réunions de groupes d’utilisateurs. (l’ironie de l’expression « papier d’ambiance » prendra tout son sens dans quelque lignes). La première fois que j’y suis allé j’étais en joie. Après tout il s’agissait de mon premier reportage en tant que journaliste pro et je me voyais comme le Bernard de la Villardière de l’informatique. Et c’est à ce moment que la grande désillusion vint frapper à la porte.

Pourquoi ? Tout simplement parce que je me suis retrouvé pendant plus de 4h dans une petite salle de conférence entouré d’ingénieurs informaticiens de 50 ans spécialisés dans des technologies de gestion de serveurs de messagerie. Oui plus de 4h à écouter des mecs parler d’administration de serveurs à distance, de « reporting », et « monitoring », de stratégies de plafonnement, de gestion de ligne de script ou d’administration de système grâce à des règles paramétrables. Si vous aussi vous ne comprenez pas les dernières expressions dites-vous que c’était la même chose pour moi. Ces réunions étaient comme une mise en pratique sadique de la théorie de la relativité d’Einstein. J’avais l’impression que l’espace temps se dilatait tellement que chaque minute était aussi interminable qu’un épisode de Derrick. Oui, c’est ça, j’assistai, impuissant, à 240 putains d’épisodes de Derrick.

Mais le supplice ne s’arrêtait pas là. Souvenez-vous, l’objectif de cette folle après-midi était de fournir un « papier d’ambiance ». Complètement dépassé par le gloubi boulga qui faisait floc floc dans ma tête j’allai voir ma rédac chef pour plus de précisions.

« Euh tu m’as demandé de faire un papier d’ambiance sur la réunion mais j’ai un problème là. A part deux éclats de rire à la pause café, il n’y avait pas vraiment d’ambiance. »
« te prends pas la tête, tu n’as qu’à faire un résumé de ce qui s’est dit pendant la réunion ».

Et me voilà devant mon clavier, complètement désemparé à reprendre les quelques notes que j’avais prises et regardant les slides powerpoint qui avaient été diffusés sur l’écran pendant 4h. Mes doigts tapaient un texte, mais avait-il vraiment un sens ? Toutes mes phrases sonnaient creux, comme si elles n’étaient que des coquilles vides. Je me demandais qui pouvait prendre son pied à lire un truc pareil. D’ailleurs, avais-je vraiment des lecteurs ? Toute cette histoire n’était-elle pas un simulation, un horrible canular, un cauchemar dont j’allais m’éveiller en sursaut ?

Quelques heures plus tard, le papier était écrit mais au fond de moi, je me sentais sale. Passant ma copie à ma rédac chef, elle me renvoya le fichier quelques minutes plus tard avec une modification qui resta gravée dans ma mémoire. Elle avait ajouté un point d’exclamation dans le titre du papier. Ça donnait un truc du genre :

« Technologie XXXXXserver 2008 : en avant pour une ergonomie améliorée ! »

Non seulement mon article ne voulait rien dire mais en plus j’avais l’impression d’en être satisfait. A ce moment, j’ai eu la révélation de ma vie. Ma rédac chef n’était autre que Ri-Chun-Hui, la fameuse speakerine de Corée du Nord dont la tonalité ultra enjouée m’a toujours filé les jetons.

David-Julien Rahmil

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